Origines du CST

Le rôle joué par le CST dans la collecte de SIGINT remonte à plusieurs décennies. En 1925, sous la direction de la Marine royale britannique (l'Amirauté), la Marine royale canadienne a établi la première installation de radiogoniométrie haute fréquence du Canada à la base navale d'Esquimalt, dans l'île de Vancouver. Au cours des années qui ont suivi, une série d'autres installations ont été mises sur pied d'un bout à l'autre du Canada, et les interceptions par radiogoniométrie haute fréquence ont permis d'aider l'Amirauté à repérer les navires dans l'océan Pacifique; celle-ci disposait déjà de stations couvrant l'Atlantique.

L'aide apportée par le Canada à la Grande-Bretagne a pris de l'ampleur dans les années 20 et 30. À ce moment-là, les activités de SIGINT englobaient non seulement le repérage et la surveillance de transmissions étrangères par radiogoniométrie haute fréquence, mais aussi la surveillance des interceptions de signaux de T.S.F. faites par l'armée canadienne et par le Service de radiotélégraphie du ministère des Transports. Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a demandé au Canada de continuer à assurer ces services de radiogoniométrie et d'interception de renseignements bruts; ceux-ci étaient utilisés, par exemple, par la Marine royale britannique et par le service de sécurité des communications radiophoniques de Grande-Bretagne.

À mesure que la guerre avançait et que le volume des données brutes augmentait, le besoin pour le Canada de disposer de ses propres moyens d'encodage et de décryptage faisait l'objet de discussions entre les représentants du gouvernement canadien, dont ceux de l'armée, du ministère des Affaires extérieures (MAE), de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et du Conseil national de recherches. Au cours de cette période de débat, les Américains et les Britanniques ont exprimé l'avis que le Canada devait devenir un participant actif et se doter de ses propres compétences dans ce domaine.

En 1941, à l'exhortation du ministère des Affaires extérieures, le gouvernement a établi un bureau national du renseignement électromagnétique appelé Sous-section de l'examen. Celle-ci était rattachée au Conseil national de recherches et comprenait des représentants de la GRC, du MAE et des trois services militaires. Sous la coordination de la Sous-section de l'examen, des données interceptées brutes et des messages décryptés étaient alors utilisés par des consommateurs canadiens de renseignements et retransmis aux services SIGINT alliés en Grande-Bretagne et aux États-Unis, ou relayés en sens inverse. Les messages interceptés provenaient d'Union soviétique, d'Allemagne, d'Italie, d'Amérique du Sud et d'Asie. À la fin de la guerre, la Sous-section de l'examen, rebaptisée Joint Discrimination Unit, fonctionnait pleinement à titre de service du renseignement électromagnétique.

En 1944, des délibérations ont été entreprises (principalement entre des représentants du MAE, de l'armée et de la marine) afin de déterminer le besoin et la structure d'une éventuelle organisation de l'après-guerre ainsi que le rôle qu'elle jouerait pour répondre aux besoins de renseignement du gouvernement de l'époque. Les deux programmes à l'origine du mandat actuel du CST ont commencé à prendre forme à ce moment-là.

On a d'abord déterminé qu'il fallait continuer d'intercepter des transmissions électroniques pour protéger les intérêts du Canada à l'étranger et en matière de défense. La décision du gouvernement a été influencée par les demandes de maintien de l'aide à la collecte de renseignements faites par les États-Unis et la Grande-Bretagne, et par les révélations du transfuge soviétique Igor Gouzenko touchant les activités de renseignement menées par l'URSS au Canada et aux États-Unis. C'est ainsi qu'est né le mandat du CST touchant le renseignement électromagnétique.

Il était par ailleurs évident que les ministères et organismes du gouvernement fédéral avaient désormais besoin de conseils et d'aide pour protéger leurs renseignements classifiés contre l'interception par des parties hostiles. C'est ainsi qu'a vu le jour le mandat défensif du CST, appelé à l'époque sécurité des télécommunications (COMSEC) et maintenant sécurité des technologies de l'information (STI).

Cette nouvelle organisation cryptologique nationale en temps de paix, établie par décret en 1946 et rebaptisée Direction des communications du Conseil national de recherches, s'est vu confier la responsabilité du renseignement électromagnétique et de la sécurité des télécommunications. En 1975, elle a été transférée par décret au ministère de la Défense nationale, et le Ministre a assumé la charge d'activités désignées conformément à l'article 4 de la Loi sur la défense nationale. L'organisation a en même temps été rebaptisée Centre de la sécurité des télécommunications.

Par l'intermédiaire du CST, le Canada continue à entretenir des rapports de collaboration avec certains de ses proches alliés de longue date pour l'échange de renseignement étranger et le partage en matière de sécurité des technologies de l'information de nature délicate. Ces alliés sont les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, et chacun de ces pays possède une organisation semblable au CST.

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